Un avenir sombre pour les transmissions manuelles ?

Alors que l’on prédisait une mort lente aux transmissions manuelles, Honda choque l’industrie en accélérant cette disparition.

La situation ne risque pas de s’améliorer pour les adeptes de la clutch. Cette semaine, lors d’une conférence de style table-ronde donnée au Japon, le PDG de Honda, Toshihiro Mibe, et l’ingénieur en chef de l’électrification de la marque, Shinji Aoyama, ont confirmé qu’ils ne comptaient pas combiner transmissions manuelles et moteurs électriques dans un même véhicule. Pas maintenant… ni jamais.

On se rappelle qu’en octobre 2021, le constructeur japonais avait annoncé qu’il comptait électrifier entièrement sa flotte d’ici 2030. Tiens donc ! Il n’y aura donc plus un seul véhicule manuel offert par Honda passé les huit prochaines années ? Après tout, Honda doit une bonne partie de son succès à la fiabilité et la qualité de ses transmissions manuelles. Il est par conséquent curieux d’observer que l’entreprise compte cesser complètement la production de ses transmissions manuelles légendaires.

Et si ce pilier du levier d’embrayage laisse tomber les manuelles, qu’arrivera-t-il à cette technologie préférée des amateurs de conduite sportive ? Il semblerait que des options se dessinent.

Vraie ou fausse joie chez Toyota

Rassurez-vous, ce n’est pas encore la fin !

En février 2022, des utilisateurs de BZforums.com ont partagé une série de brevets émis par Toyota présentant des simulateurs de transmission manuelle pour voitures électriques.

Hourra ! Certains constructeurs n’ont toujours pas jeté l’éponge face à la demande décroissante pour les transmissions manuelles. 

Cette technologie, bien qu’elle en soit encore à l’étape de la conception, pourrait être introduite sur le marché de l’automobile au cours des prochaines années, permettant enfin d’allier la puissance des moteurs électriques à la conduite engagée offerte par les transmissions manuelles.

D’après MotorTrend, cette technologie pourrait se baser sur un contrôle électronique, c’est-à-dire que l’action du levier pour changer de vitesses n’aurait aucune influence sur le comportement de la transmission. En d’autres termes, le bras de vitesse agirait à titre de manette qui envoie des commandes à un ordinateur. Ce dernier se chargerait d’orchestrer le fonctionnement de la transmission, et donc de réaliser le changement de vitesse. 

Ainsi, cette technologie serait très semblable à celle que l’on retrouve déjà sur les systèmes de direction et de freinage électroniques. Aujourd’hui déjà, les pédales, le volant et le bras d’embrayage ne servent plus à contrôler une automobile, mais bien à commander électroniquement des ordinateurs qui eux, commandent l’automobile. 

Dans ce contexte, ce ne seraient donc pas uniquement les boîtes d’embrayage manuelles qui sont à risque; la conduite analogue au complet risquerait de disparaître !

La voiture électrique manuelle existe

Oui, il est quand même possible d’obtenir une aujourd’hui une voiture électrique et manuelle. Toutefois, attendez-vous à vider vos poches.

L’entreprise spécialisée dans l’électronique Webasto et Ford ont uni leurs efforts pour dévoiler en 2019 une Ford Mustang équipée d’un moteur électrique et d’une transmission manuelle renforcée à six embrayages. Le produit final développait pas moins de 900 CV et disposait d’un couple instantané de 1000 lb-pi. Bien entendu, ce projet a été réalisé sur mesure, et il est à peu près impossible de se procurer le seul et unique exemplaire de cette Mustang aux performances électrisantes.

Une autre alternative existe-t-elle ? Eh bien, si vous ne pouvez pas compter sur le marché de l’automobile, il faut construire cette voiture soi-même !

La marche à suivre n’est pas si complexe que cela, comme l’a démontré Ford avec sa Mustang nommée affectueusement Lithium. Il suffit d’utiliser un véhicule à essence comme base et de remplacer complètement la motorisation à essence par une motorisation électrique. Rien de plus simple, en somme ! 

Nul besoin cependant d’aborder les coûts associés à la main-d’œuvre et aux nouvelles pièces pour cette réalisation. Préparez-vous plutôt à vendre un rein si vous souhaitez vous investir dans un projet de la sorte.

Une production de masse impossible

Même si on le souhaite, il est impossible d’adapter la méthode utilisée par Ford à grande échelle. Il faut obligatoirement utiliser au départ la mécanique fonctionnelle d’un véhicule à essence, puis se départir de la majeure partie des composantes de cette même mécanique. Du point de vue des constructeurs, cela représente une coupe trop importante dans la profitabilité d’un véhicule de ce genre.

Alors, pourquoi ne pas commercialiser un véhicule électrique qui sort de l’usine équipé d’une boîte d’embrayage manuelle ? Eh bien, c’est impossible, car le seul autre véhicule électrique comptant plusieurs vitesses, le Porsche Taycan Turbo S, ne possédait que deux vitesses pour lui permettre d’atteindre 260 km/h. 

On comprend donc que les véhicules électriques ne possèdent qu’une seule et unique grande vitesse. Leur conception fait en sorte qu’ils circulent déjà à fière allure alors qu’ils n’ont même pas atteint leur puissance maximale…. Et il est impossible de marier une transmission à six vitesses sur ces moteurs. Seuls des modèles sur mesure le permettraient. Toutefois, rien n’est impossible si vous disposez de beaucoup (énormément) de moyens et d’un peu (énormément) de courage… 

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