Le milieu automobile connaît un manque de main-d’œuvre important dans certains postes. Si les causes sont multiples, quelques solutions comme la formation ou la gestion des ressources humaines peuvent apporter une grande différence, dans le recrutement comme dans la rétention des employés.
Au concessionnaire Honda de Terrebonne, garage recommandé CAA-Québec, le directeur général Simon Brassard confie avoir du mal à trouver de nouveaux techniciens automobiles depuis environ cinq ans. La pénurie se ressent fort en mécanique : conseiller technique, commis aux pièces, préposé à l’esthétique…
Un fait qu’a aussi pu constater Mélanie Turcot, CRHA, directrice des opérations d’Auto-jobs.ca, ces dernières années.
« J’ai commencé dans l’industrie en 2009, raconte-t-elle. Quand je devais combler un poste dans un concessionnaire, il m’arrivait de faire des entrevues de groupe tellement il y avait de candidatures. Mais c’est plus ça aujourd’hui… »
De plus en plus de jeunes se désintéressent en effet du métier et se dirigent vers d’autres types de formation. Mais le problème vient aussi de l’autre extrémité démographique : On estime à 1,4 million de postes – tous secteurs confondus – qui seront à pourvoir au Québec d’ici 2026 en raison du départ à la retraite des baby-boomers, une vague sans précédent sur le marché du travail. L’industrie automobile n’y échappe pas et cela constitue un immense défi pour les employeurs.
« Un mécanicien qui a beaucoup d’expérience est rarement remplacé par quelqu’un qui en a autant, note la directrice des opérations d’Auto-jobs.ca. Il faut donc penser à former à l’interne pour la relève. »
De ce côté, Simon Brassard s’estime chanceux : en tant que franchisée Honda, sa concession a accès à de bons programmes de formation pour les employés. « On les pousse aussi à reprendre une formation qu’ils ont déjà faite, pour faire une mise à jour des connaissances. »
De nombreux programmes de formation sont disponibles pour les entreprises de l’après-marché. Mélanie Turcot cite par exemple une formation sur plusieurs mois en alternance consacrée aux véhicules électriques, pour laquelle une bonne partie de la rémunération est subventionnée.
Certains directeurs rechignent cependant à former leur main-d’œuvre, craignant que l’employé ne démissionne une fois formé.
« C’est quelque chose que j’entends souvent des garages et que je trouve désolant, regrette Mélanie Turcot. C’est une erreur : en ne formant pas un employé, on diminue les chances qu’il devienne un meilleur employé et c’est presque sûr qu’il va partir. Et même s’il part, peut-être que le directeur réussira à aller chercher quelqu’un qui aura aussi été formé ailleurs… »
Gym, clim et bons salaires
Pour Simon Brassard, une des solutions pour retenir le personnel et en attirer du nouveau est d’offrir un bel environnement de travail et des conditions agréables. Sa concession compte ainsi un gymnase accessible à tous les employés, et l’atelier est climatisé – « ce qui est assez rare dans le domaine ».
« On veut que les employés soient plus heureux au travail. S’ils sont heureux, les clients sont heureux, assure le directeur. On fait aussi régulièrement des réunions d’information. C’est important de tenir les employés informés des changements, surtout avec tout ce qui se passe actuellement. C’est très positif pour les employés. »
Des remarques sur les salaires dans l’industrie, Mélanie Turcot en entend régulièrement. Maintenir une rémunération au niveau du marché n’est donc vraiment pas négligeable selon elle, de même que proposer des avantages sociaux pour se démarquer. Enfin, pensant au contexte actuel de pandémie, la directrice des opérations d’Auto-jobs.ca note l’importance de bien suivre les mesures sanitaires.
« Ça n’est malheureusement pas toujours le cas et ça peut pousser des employés à démissionner par peur pour leur santé, confie-t-elle. Quand un employeur montre qu’il fait attention à ses employés, c’est un vrai plus pour les retenir… »