Les préjugés, conscients ou non, ont-ils encore la vie dure lors des processus de recrutement? Marina Gérard nous fait part de son opinion et de conseils judicieux.
Quels sont les préjugés qui reviennent le plus souvent lors des processus d’embauche ? Je vais être honnête : même si beaucoup d’efforts sont faits en la matière, les femmes, mais aussi les travailleurs issus de la diversité souffrent encore de discrimination à cette étape.
Par exemple, de nombreux employeurs vont rejeter davantage les candidatures des travailleurs qui sont arrivés récemment au pays. Pourquoi ? Officiellement, parce qu’ils tiennent fortement à ce que leurs nouveaux employés détiennent une expérience de travail « canadienne »… Une notion un peu vague qui permet à certains employeurs de justifier un recrutement teinté de préjugés inconscients. Ils vont donc préférer laisser de côté des employés avec une très belle expérience à l’étranger, au profit de ceux, avec moins de compétences, qui détiennent cette fameuse expérience de travail « canadienne ». Ils estiment que les gens d’ici connaissent mieux le pays, les façons typiques de s’exprimer et de communiquer, qu’ils ont une meilleure connaissance des procédés de travail à la nord-américaine, etc.
Il ne faut pas non plus oublier les préjugés à l’égard des femmes. Souvent, lors de l’embauche d’une jeune professionnelle, les employeurs pensent inconsciemment aux congés de maternité d’un an qu’elle pourrait prendre, et à l’investissement que cela représenterait pour eux. Ils pensent aussi aux congés de maladie utilisés pour surveiller les enfants malades, ou encore aux vacances scolaires qui les poussent à en prendre plus elles aussi. Mais là encore, il faut prendre conscience que de plus en plus d’hommes prennent eux aussi de longs congés de paternité. Que le Québec jouit d’un système de garderies, privées ou publiques, très efficace. Et enfin, qu’avec le télétravail, il est possible de conjuguer impératifs familiaux et production.
Comment identifier des préjugés au sein d’une entreprise ?
Jusqu’à un certain point, je crois qu’il est normal d’avoir plus de préjugés envers des personnes qui sont différentes de nous, celles de sexe opposé comme celles venues d’ailleurs. Je parle de personnes au sens large du terme, car si les femmes sont discriminées dans les secteurs automobile ou technologique, les hommes le sont de leur côté pour des postes de secrétaire ou d’adjoint.
Pour identifier des préjugés flagrants ou des biais inconscients qui nous entourent, rien ne vaut selon moi les statistiques et les témoignages. Quelle proportion de femmes et d’hommes occupent des postes intéressants dans les entreprises pour lesquelles vous aimeriez travailler ? Quels sont les profils des employés de ces mêmes entreprises ? L’inclusivité fait-elle partie de leurs valeurs et se reflète-t-elle dans la composition de leur équipe et de leurs activités sociales ? Disposent-elles de programmes visant l’équité ? Autant de questions importantes à fouiller avant de s’engager dans un processus de recrutement avec ces sociétés.
Finalement, je tiens à souligner que les gens qui ont des préjugés inconscients le font, bien évidemment, de manière inconsciente ! Changer les mentalités ne se fait pas en un jour, mais si chaque personne qui participe à un processus de recrutement dénonce ces biais, les gestionnaires apprendront de leurs erreurs.
À bientôt pour d’autres conseils recrutement !
Marina Gérard